On s’est raté l’année dernière avec le confinement, alors cette année, quand je l’ai contacté pour pouvoir venir la suivre un moment, Juliette m’a proposé de venir la dernière semaine d’avril.
Juliette a créé La Cabane à Plantes il y a quatre ans sur le terrain familial, à Sennevières. Elle y fait pousser de nombreuses plantes aromatiques qu’elle cultive avec amour et passion pour en faire des tisanes poétiques, des bouquets de fleurs sèches et des aromates originaux pour la cuisine.
Devant la cabane se trouve le jardin d’aromates: lavandin, romarin, et autres plantes méditerranéennes trouvent leur place sur ces plates-bandes caillouteuses. Juliette cultive ses plantes en préparant ce qu’on appelle des « planches en lasagne », un savant mille-feuilles de matériaux « secs », pour apporter du carbone, et de matériaux, vert, comme une couche de gazon fraîchement tondu. On termine par une couche de compost puis de paille, avant d’installer les semis qui feront leur vie au grand air, et les racines bien au chaud.
Elle fait sécher toutes ses plantes dans un séchoir construit sur mesure. Ça y sent bon la plantes sèches. On y reconnait l’ortie, l’ail des ours, les fleurs de pensées. Tout est bien organisé, rangé à l’abri dans des sachets en papier, ses recettes de tisanes sont notées sur un tableau, et ses produits finis sont rangés sur une étagère, prêts à être expédiés.
La Cabane à Plantes va aussi devenir un lieu d’accueil pour faire des ateliers dès le mois de juin, qui a été financé sur BlueBees avec succès. Des intervenant.e.s extérieur.e.s vont y proposer des ateliers de teintures végétales, cuisine, ou encore aromathérapie.
Cette semaine, je dors dans une petite caravane, en face de la prairie avec les brebis. Le terrain est un havre de paix où le champs des oiseaux me réveillent et le bruit des grenouilles me bercent quand je vais me coucher.
J’apprends de nombreuses choses sur le potager et la culture des plantes et tout ça m’inspire beaucoup autant sur mes envies personnelles que pour mon travail créatif. En plus, je fais pleins de photos et ça c’est comme la cerise sur le gâteau !
Dans le champs devant la cabane, un petit troupeau de moutons ouessant fait sa vie. Il y a six petits agneaux tous noirs et effrayés qui me regardent avec curiosité quand je sors de ma caravane à 7h du matin, la tête dans le paté et les cheveux en vrac. Ils aiment se gratouiller l’arrière-train pendant de longs moments sur les fils de fer de la clôture, et ça forme de petites pelotes de laine sombres, en plus de me faire sourire.
Dans la serre, Juliette cultive les légumes pour la consommation familiale et prépare les semis qui sont gardés bien au chaud avant d’être plantés en pleine terre. Quand on passe la porte, le climat devient tropical, et de la buée se forme sur mes lunettes pendant quelques instants. On récupère l’eau du puit d’à côté pour remplir une petite mare creusée pour l’occasion, ce qui permet de créer une atmosphère bien humide. On y a planté cette semaine des haricots nain et des courges luffa qui permettront de faire des éponges 100% compostables, ainsi que quelques espèces de fleurs comestibles. Je découvre entre autre l’Artemisia Annua, décrite comme un remède miracle pour le paludisme, je goûte les feuilles gigantesques de moutarde (qui piquent bien fort), et j’arrose les pieds de mauves et de bleuets.
La petite de Juliette, Lili, apprend elle aussi à prendre soin de la terre et des petites pousses vertes. Cette après-midi, il pleut, et on s’abrite sous la serre. Juliette est là pour lui transmettre patiemment son savoir-faire. Lili veut faire comme maman et mettre les plantes à peine sorties de terre dans des pots plus grands. Et du haut de ses deux ans, elle sait déjà reconnaître des plantes comestibles de celles qui ne le sont pas! Quand Lili s’approche d’une petite marguerite qui pousse dans le gazon, elle la déguste et nous dit: « Ça, ça se mange. Mais le bouton d’or, ça ne se mange pas! »
Juliette fait aussi de la cueillette sauvage. Tôt le matin, je l’accompagne sur son spot secret pour ramasser l’ail des ours en fleurs. Cette plante goûteuse, parfois malheureusement confondu avec le muguet (plante très toxique!), a un goût prononcé d’ail (d’où son nom bien sûr) et s’utilise en cuisine. Il est difficile à trouver, mais lorsqu’on localise un spot, on peut y passer une bonne heure et y ramasser de gros volumes. L’endroit est calme et on aperçoit quelques biches aux alentours. Sur le chemin, Juliette me montre la pulmonaire, la reine-des-prés, la bourrache et le lierre terrestre.
Derrière le poulailler, où se trouvent et des poules, et un canard coureur indien (mon préféré! le pauvre a perdu sa canne, kidnappée par une buse…) on accède à un petit bois où se trouve l’aubépine. On ramasse les petites fleurs blanches à peine écloses, et on prend garde à éviter les épines. Son goût seul ne présentant pas grand intérêt, mais elle est néanmoins une plante bonne pour le cœur. Juliette la mélange avec d’autres plantes.
Juliette prépare donc ses tisanes en sachet. Son best-seller est Magie bleue, qu’on ensache ensemble ce matin. Un mix de reine-des-près, menthe poivrée, bleuet et mauve mauritanienne, qui donnent une belle couleur bleue à l’infusion. Avec le bon coup de main, j’arrive à avoir exactement mes 30g de plantes en sachet! Juliette prépare aussi des mélanges d’épices réduites en poudre pour la cuisine, comme le « Mélange inca ». Il chatouille fort le nez lorsqu’elle verse la poudre dans le grand récipient, et tout le monde éternue !
Les journées étaient bien remplies, et j’ai eu l’impression d’être restée là bien plus d’une semaine. Pourtant, samedi matin, c’est mon dernier jour. J’ai comme un petit pincement de quitter cette jolie famille dans ce petit paradis de fleurs et d’odeurs. C’était une belle rencontre et une semaine vraiment reposante au grand air qui m’a fait le plus grand bien. J’espère pouvoir revenir pour voir le jardin, lorsqu’il sera de toutes les couleurs!
Vous pouvez suivre Juliette sur Instagram, Facebook, et aller visiter sa boutique en ligne. Elle accueille aussi des volontaires: si vous voulez découvrir sa ferme et mettre la main à la pâte, vous pouvez trouver toutes les infos sur le site WWOOF France!