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Le tour du lac Kaprinka, 2 jours, 60 km à pied

Tout le monde est parti de la maison vendredi. Pietro est parti étudier des scarabées du côté de Sozopol (il collectionne les coléoptères, pour de vrai!), et les autres volontaires ont décidé de planter la tente sur une plage sauvage de la mer noire. Étant donné qu’il n’y avait pas assez de places dans la voiture, j’ai décidé de partir à l’aventure toute seule en préférant visiter les environs de Chipka que je n’avais pas encore eu le temps d’appréhender.

J’ai décidé de randonner dans le secteur, et de faire une grande boucle à pied. On m’a suggéré d’utiliser mapy.cz. Un petit coup d’œil sur l’appli m’a permis de voir que près de Chipka se trouve un grand lac artificiel: le barrage de Kaprinka. J’ai donc décidé d’y aller à pied plutôt qu’en transports en commun, avec ma tente et mon duvet. Il est 8h30 quand je pars de la maison ce vendredi matin.

Depuis la vallée, on aperçoit le monument de Buzludzha, ou maison du Parti Communiste Bulgare, inauguré en 1981, et aujourd’hui complètement abandonné…

Ces monticules de terre sont très nombreux dans la vallée. Ce sont des tombes de la civilisation Thrace. On appelle d’ailleurs cette vallée « La vallée des rois thraces ». Derrière cette tombe, le village de Kaprinka, ci-dessous. Ce village est le plus proche du lac, auquel j’arrive après près de 4 heures de marche à travers la vallée.

De l’autre côté du lac, un panorama offre la vue sur le lac… complètement asséché. Je n’ai pas saisi si c’était du aux conditions météorologiques ou plutôt lié au fonctionnement du barage. C’était un panorama un peu décevant! J’ai décidé de raccourci mon itinéraire, descendu la colline et traversé à pied pour rejoindre un chemin qui se trouvait en face.

Après une grosse journée, je décide de poser ma tente près du lac. Le soleil s’éteint derrière les montagnes. Mon effort est récompensé par une jolie vue!

Au petit matin, il fait vraiment froid… Je n’étais pas préparée, et plier ma tente a été éprouvant car j’avais les doigts gelés. Note pour la prochaine fois: ne pas négliger une paire de gants! La lumière est magnifique. Je prends des photos tous les quarts d’heure pour capter chaque instant, car elle change très vite! C’est encore plus joli avec l’herbe gelée et la rosée qui s’évapore à l’apparition du soleil.

Ici devrait se trouver le lac… À la place, tout est sec, et c’est un désert d’une plante un peu collante, appelée « Lampourde » d’après mes recherches. J’ai eu la mauvaise idée de marcher dedans à un moment et mes chaussures et mon pantalon en étaient instantanément recouverts.

Cette deuxième journée a été un peu éprouvante, car la plupart des sentiers traversaient d’immenses plaines en ligne droite. Le matin même, j’avais emprunté un chemin qui devait être un raccourci, sauf qu’il m’a fait perdre deux heures: je traversais des champs en ligne droite, avant de traverser un verger pour arriver au village suivant. Mais arrivée à ce verger, j’ai trouvé des pancartes collées aux arbres avec un pistolet dessiné dessus, et quelques mots en bulgare. J’ai supposé qu’il ne valait mieux pas passer par-là, et j’ai du refaire tout le chemin en sens inverse. Décourageant! L’expérience était un peu monotone et j’avais l’impression de passer un test mental: « Cécile, seras-tu prête à traverser 5 km en ligne droite au milieu d’une plaine desséché en plein cagnard au beau milieu de la journée? » .

Ci-dessus, on aperçoit tout au bout le village de Yasenovo, dernière étape avant Chipka, ma destination. Arrivée à ce village, je me suis arrêtée devant une station qui ressemblait à un lavoir… Des tapis séchaient sur des cordes, et trois hommes prenaient le café sous un petit auvent. L’un d’eux m’a invité à m’approcher… Et là, incroyable! J’ai découvert l’équivalent d’une machine à laver. L’eau qui arrive de la montagne est canalisée pour arriver à pleine vitesse dans une grande cuve taillée dans la pierre. Les tapis sont alors brassés dans un mouvement circulaire. Y’a plus qu’à siroter son café et à attendre!

Je quitte le village de Yasenovo et le chemin prend un peu d’altitude. La météo me permet de voir très loin dans la vallée. Je suis de retour à Chipka en fin d’après-midi, 60 kilomètres dans les jambes.

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