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Ce matin, la montagne était recouverte de brouillard. Plus tard, elle est apparue comme saupoudrée de sucre glace. Le lendemain, la neige légère est toujours là, et le matin à 7h00, la ligne de crête tranche le ciel avec le soleil levant.
Tous les matins la montagne est changeante, et j’ouvre les rideaux avec impatience pour savoir quelle tête elle aura aujourd’hui.
Et aujourd’hui, c’est le grand jour! Car aujourd’hui est le jour de la naissance des abeilles-reines que Sébastien avait mis dans la couveuse la semaine dernière et dont je parlais dans mon article précédent. Le grand jour où la reine découpe l’opercule de son cocon de cire et s’en extirpe maladroitement avant de passer sa vie… à pondre.
C’est là que l’éleveur intervient. Avec une balance de précision, on pèse chaque reine. En-dessous de 0,150mg, elle ne survit généralement pas. Au-delà de 0,2mg, on considère que c’est une super-reine. Si la reine n’a pas un poids suffisant, un gros doigt l’écrasera d’un coup sec. L’éleveur fait sa sélection… On garde les plus lourdes, réputées pour pondre efficacement, et on supprime les plus faibles. Courte vie d’abeille.
En haut à gauche: le « bigoudi » contenant la reine sur la balance de précision.
En haut à droite: une fois pesée, la reine est mis dans une petite boîte qui sera introduit ensuite dans une ruche orpheline.
En bas à gauche: les bigoudis ouverts, et deux abeilles reines mortes.
En bas à droite: petite collection de cocons d’abeilles reines vides.
À gauche: Sébastien inscrit le poids de la reine sur le toit de la ruche
À droite: les ruches sont colorées différemment pour aider les abeilles à se repérer, comme des panneaux de signalisation.
Ci-dessus: Sébastien introduit une reine dans une ruche orpheline.
J’apprends ensuite à préparer les cadres de cire. On serre le fil métallique avec un petit outil puis on créé un court-jus pour faire chauffer le fil et faire fondre la cire qui viendra s’y coller.
Les journées sont chargées, entre greffage d’abeille, transhumance après le dîner ou tôt le matin à 7h00, on fait de la route d’un hameau à l’autre pour avoir de l’acacia ou du colza, on ajoute ou on échange des cadres, on pause les hausses de miel, on vérifie que les abeilles reines ont survécu dans les ruches, pondent correctement… j’ai la tête pleine d’informations et c’est parfois difficile de suivre le processus. J’aurai bien parfois besoin d’un dessin, et Sébastien visualise presque tout son plan d’action dans sa tête. Mais l’expérience est enrichissante et surtout j’apprends.
Je finis ma journée au lac des Hurtières. Juliette amène ses brebis brouter sur un petit coin de gazon, entre le plan d’eau et l’autoroute. On entend les camions qui passent, mais près du lac, j’étais sous une pluie légère et surtout j’étais seule, ça sentait le vert de l’herbe et la terre mouillée.
Et comme je ne sais jamais comment terminer mes article, je finirai celui-ci par ces photos d’une collection de cornes de chevreuil et de chamois (pourquoi pas?) qui se font face dans l’escalier qui descend à la miellerie.